Henning Hoesch, né en 1940, a choisi de quitter sa carrière d'historien à Yale, aux États-Unis, en 1972, pour devenir l'un des précurseurs de l'agriculture et de la viticulture biologiques dans le sud de la France.
Pour Hoesch, une approche holistique, une vinification naturelle et une culture biologique dans les vignes sont aussi importantes que la qualité de ses vins. Il considère que l'agriculture biologique et la production de produits de très haute qualité ne sont pas contradictoires, mais plutôt complémentaires. Sa quête d'indépendance inébranlable confère un caractère unique aux vins du domaine, produits en partie en dehors des contraintes de production des A.O.C. (appellation d'origine contrôlée).
Sylvain Hoesch a rejoint le domaine en 1994 après des études d'œnologie à Marseille et une expérience acquise dans des domaines renommés en Australie et en Californie. Il gère aujourd'hui le domaine et le vignoble avec la même rigueur et les mêmes exigences qualitatives que son père, tout en montrant également beaucoup de caractère et de détermination.
Les collaborateurs du domaine viennent d'horizons divers : véritables paysans provençaux, œnologues espagnols ou étudiants en viticulture venus d'Allemagne. Ils contribuent tous à un échange continu de pratiques, où le savoir-faire ancestral des ouvriers agricoles complète les connaissances théoriques des étudiants en œnologie.
La cave accueille une récolte soigneusement sélectionnée sur l'un des toits du chai. La vinification se déroule de manière aussi naturelle que la culture de la vigne, sans l'utilisation de produits œnologiques. Les raisins sont mis en cuve par gravité, préservant ainsi leur intégrité.
Pour éviter l'oxydation des fruits pendant l'encuvage, la vendange est protégée par une atmosphère saturée en dioxyde de carbone, récupérée sur les cuves voisines en pleine fermentation. Les fermentations se déroulent dans des cuves en inox, cépage par cépage, avec des levures indigènes apportées à la cave avec les raisins. Durant la fermentation, un minimum de deux pigeages par jour assure une bonne extraction des tanins des pellicules des raisins noirs. Les vins finis sont ensuite élevés jusqu'à dix-huit mois dans des barriques de chêne neuf.
La cave s'intègre également dans le cycle naturel de la production : des collecteurs photovoltaïques et un chauffage solaire fournissent la chaleur nécessaire pour le bon déroulement des fermentations, garantissant une transformation complète des sucres du raisin et produisant des vins biologiquement stables. Un bassin d'eau de 15 centimètres de profondeur au-dessus du chai d'élevage, alimenté en eau fraîche par une source, permet de maintenir une température de 14°C tout au long de l'année.
Une hygiène parfaite pendant toutes les étapes d'élaboration est un gage de qualité pour une évolution saine des vins jeunes, permettant l'utilisation de doses minimales de soufre, dont une partie provient du méchage nécessaire pour le stockage des barriques vides. Le résultat donne des vins naturels d'une très grande qualité, surveillés et contrôlés de la vigne jusqu'à la bouteille
Les sols rouges naturellement riches du Domaine Richeaume offrent un terrain propice à l'utilisation d'amendements organiques. La présence de calcaire favorise la décomposition des matières organiques telles que les herbes, les feuilles et les sarments de vigne, tout en contribuant à neutraliser la concentration élevée de fer, tandis que l'argile retient l'humidité, créant des conditions optimales pour l'apport de matière organique. Cette dernière est essentielle pour nourrir la microflore du sol, un élément clé de la viticulture durable. Ainsi, les amendements organiques sont largement privilégiés au Domaine Richeaume pour entretenir la couche supérieure du sol, car seuls des sols vivants et sains permettent aux raisins de révéler tout leur potentiel qualitatif.
Le compost utilisé au Domaine Richeaume est produit à partir du fumier de cent cinquante moutons, se nourrissant exclusivement d'herbe et de fourrage provenant du domaine. Ce compost agit en synergie avec des engrais verts, tels que l'avoine ou les légumineuses, semés entre les rangs de vignes. Ces plantes couvre-sol, avec leurs racines fines, contribuent à améliorer la structure du sol. Ainsi, l'utilisation d'engrais supplémentaires et de produits phytosanitaires synthétiques peut être totalement évitée. De plus, l'enherbement naturel entre les rangs, où le terme "mauvaise herbe" est prohibé, incite les vignes à développer des racines plus profondes, répondant ainsi aux objectifs recherchés par le vigneron.
La montagne Sainte-Victoire exerce une influence décisive sur le microclimat environnant. Cette emblématique formation calcaire, qui s'étend entre Aix-en-Provence et Puyloubier, agit comme un tampon face au mistral, vent puissant qui souffle dans la vallée du Rhône. Son action, en séchant rapidement les vignes après les précipitations, réduit considérablement le risque de maladies cryptogamiques telles que le mildiou, faisant ainsi du vent un allié précieux. La localisation privilégiée du domaine permet également une utilisation modérée du sulfate de cuivre, préservant ainsi la santé des sols. Situé à 30 kilomètres de la mer et à près de 300 mètres d'altitude, le vignoble bénéficie de nuits fraîches en automne, favorisant une maturation lente et équilibrée des raisins.
Ce microclimat unique au pied de la montagne est un facteur déterminant dans la production de vins rouges sains et équilibrés, caractérisés par une structure robuste et un corps généreux, où le fruit et les tanins se fondent harmonieusement.
